Durant l’été 1947, les bâtiments prennent vie. Mon oncle Jacques est venu installer l’électricité dans les poulaillers; nous pouvions allumer de la maison les lumières car en laissant les lumières plus longtemps, ceci permettait une meilleur ponte, surtout l’automne et l’hiver quand la clarté est moindre. L’interrupteur était installé près du lit de mon père; ce qui lui permettait d’allumer les lumières des poulaillers et de se lever un peu plus tard.
L’été, on avait du travail à accomplir mais aussi plus de liberté pour nos passe-temps favoris. Durant cette période, de nouveaux voisins sont arrivés : deux maisons déménagées l’une en face et l’autre. À nos voisins de droite, je suis allée offrir nos produits. Ce que je ne pouvais pas savoir : ce serait chez mes futures belles-sœurs. J’ai commencé à faire du gardiennage chez le médecin, le notaire, le beurrier; j’aimais me faire des sous.
À l’automne, retour à l’école. On commençait le lendemain de la fête du travail mais la récolte des patates arrivait; alors on arrêtait pour cette période de deux à trois semaines, selon la température. Comme j’allais à l’école au village, ça créait des heurts avec les religieuses mais elles savaient que les parents ne pouvaient se passer de leur main-d’œuvre.
Durant cette année scolaire, Maman était enceinte, alors il fallait faire le trousseau du futur bébé. Donc, Mémère et Maman taillaient les couches et marquaient les piqués et, quand je revenais de l’école, j’ourlais les couches et piquais les piqués. J’ai commencé avec une machine à coudre à pédale, mais ma tante Éliane devait changer de machine à coudre car elle faisait de la couture pour des clientes; elle voulait quelque chose de plus performant et j’ai hérité de sa machine. Je crois que c’est à partir de ce moment que j’ai commencé à aimer la couture : une machine électrique, ça fait toute la différence!
Début juin, soit le 5, le matin très tôt, ma tante Éliane et sa famille étaient à la maison : bébé s’était annoncé. Il était prématuré : 8 mois de grossesse. Il a vécu seulement quelques heures. La cérémonie des Anges a eu lieu la même journée. Tout ceci devait changer le cours de ma vie. Je devais demeurer à la maison pour aider Maman aux tâches ménagères. La fin de l’année arrivait, c’était le temps de la révision et des examens. Mes compagnes venaient me dire ce qu’elles avaient à faire. J’allais passer mes examens et revenais à la maison. Malgré tout, j’ai réussi mon année en 3e place, mais ce fut la fin de mes études; je ne suis pas retournée à l’école par la suite, après une 7e année seulement.
* * *
Aucun commentaire:
Publier un commentaire